222 ANS APRÈS VERTIÈRES: LA GLOIRE D'HIER, LE CHAOSD'AUJOURD 'HUI

Deux cent vingt-deux ans après la bataille décisive de Vertières, ultime affrontement qui scella la déroute de l’armée napoléonienne et consacra la victoire des esclaves insurgés, Haïti peine toujours à s’extraire du désordre qui la ronge. Alors que le pays commémore, ce 18 novembre, l’un des moments les plus glorieux de son histoire collective, la réalité contemporaine contraste brutalement avec l’idéal de liberté, de dignité et de souveraineté conquis au prix du sang.

Une indépendance exceptionnelle, un présent vacillant

Depuis 1803, Haïti demeure la première République noire née d’une révolution servile victorieuse. Mais en 2025, cette prouesse historique se heurte à une instabilité politique chronique. Les dirigeants se succèdent à un rythme effréné, les querelles partisanes étouffent l’intérêt général, et l’insécurité étend chaque jour davantage son emprise sur le territoire.

L’État, affaibli, lutte pour remplir ses fonctions régaliennes. La justice est fragilisée, les institutions peinent à jouer leur rôle, quand elles ne sont pas complètement paralysées. Dans plusieurs zones, des groupes armés, parfois mieux structurés et mieux équipés que les forces de l’ordre, imposent leur autorité. La population, abandonnée à elle-même, tente de survivre entre violence quotidienne, misère endémique et promesses politiques sans lendemain.

Vertières trahi ? L’idéal de 1803 en péril

La bataille de Vertières ne fut pas seulement un affrontement militaire ; elle portait en elle une vision : celle d’un peuple souverain et maître de son destin. Pourtant, cet idéal semble aujourd’hui compromis. La mémoire de Dessalines, de Capois-la-Mort et de leurs compagnons d’armes est invoquée chaque année, souvent réduite à des discours cérémoniels, vidés de leur substance par des élites politiques déconnectées des réalités populaires.

Et pourtant, une lueur persiste

Malgré ce tableau sombre, une résilience tenace continue d’habiter le pays. Une jeunesse lucide, critique et engagée s’organise. La société civile multiplie les prises de position et les initiatives locales, souvent portées par des citoyens ordinaires, tentent de réparer un tissu social déchiré. Dans les quartiers comme dans les campagnes, des efforts de solidarité émergent, rappelant que l’esprit de Vertières n’a jamais totalement disparu.

Haïti, à la croisée des chemins

Deux cent vingt-deux ans après Vertières, Haïti se trouve face à un choix crucial. Ou bien elle parvient à renouer avec l’esprit de sa révolution, un esprit fait de courage, d’unité et de solidarité, ou bien elle continue de s’enfoncer dans le chaos, trahissant à jamais ceux qui sont tombés pour la liberté.

Vertières ne peut pas rester une simple date.

Elle doit redevenir une direction.