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GSF : Une force pour Haïti ou une force sur Haïti ?



Port-au-Prince, 7 octobre 2025

Le 30 septembre 2025, le Conseil de sécurité des Nations Unies a voté en faveur du déploiement d’une nouvelle force internationale en Haïti. Baptisée GSF (Force de suppression des gangs).  Cette mission vise à appuyer la Police nationale d’Haïti (PNH) dans la lutte contre les groupes armés qui contrôlent une grande partie de Port-au-Prince. Mais dans un pays marqué par des décennies d’interventions étrangères, la question de la souveraineté reste au cœur des débats.

Un mandat offensif et un financement inédit

La GSF comptera jusqu’à 5 500 membres incluant policiers, militaires et civils. Elle disposera d’un mandat offensif autorisé par le Chapitre VII de la Charte de l’ONU lui permettant de mener des opérations autonomes, y compris des arrestations tout en coopérant avec la PNH.

Selon Diego Da Rin, analyste à l’International Crisis Group, cette nouvelle force antigang aura un mandat bien plus offensif et pourra aussi mener ses propres opérations; ce qui va lui permettre de bénéficier d'une marge de manœuvre un peu plus large.

Le financement sera assuré en partie par le fonds de maintien de la paix de l’ONU une première pour Haïti, avec des contributions des États-Unis, du Canada et de l’Union européenne.

Des voix officielles et citoyennes

Lors de son discours à l’ONU, le président du Conseil présidentiel de transition, Laurent Saint-Cyr, a déclaré :

« Voilà le visage d’Haïti aujourd’hui, un pays en guerre, un Guernica contemporain, une tragédie humaine ». Il a également souligné qu' Haïti veut la paix, Haïti attend la paix, Haïti a droit à la paix. Ces déclarations traduisent l’urgence ressentie par les autorités haïtiennes face à l’effondrement sécuritaire. Mais elles ne suffisent pas à dissiper les inquiétudes de la société civile qui réclame plus de transparence et d’inclusion dans la mise en œuvre de cette mission.

Souveraineté et coordination en question

Le gouvernement affirme que la coopération avec la GSF se fera dans le respect absolu de la souveraineté nationale. Pourtant, plusieurs organisations citoyennes craignent une mise à l’écart des institutions locales et une dépendance prolongée à l’intervention étrangère.

Du côté américain, le soutien est clair. Le secrétaire d’État Marco Rubio l'a affirmé dans son discours : «Le message du Conseil est clair, l’ère de l’impunité pour ceux qui cherchent à déstabiliser Haïti est terminée ».

Élections et relance suspendues

Le gouvernement espère organiser des élections générales d’ici mi-2026. Mais dans un climat de méfiance, la tenue d’un scrutin crédible dépendra autant de la pacification que de la volonté politique.

La relance économique reste elle aussi suspendue à la stabilisation du pays. Plusieurs quartiers de Port-au-Prince sont toujours sous contrôle de groupes criminels perturbant ainsi les services publics et fragilisant les institutions.

La GSF pourrait aider à desserrer l’étau de la violence. Mais sans transparence, inclusion et vision haïtienne, elle risque de devenir une force sur Haïti et non une force pour Haïti.

 
 
 

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