Hayti: Argent et Énergie, Yon Jou pou Hayti livre le paquet
- FERAY MEDIA

- Sep 4
- 4 min read

Il faut le dire : parler d’argent en Haïti, c’est souvent toucher une plaie vive. Chez nous, l’argent rime trop souvent avec manque, injustice, survie et humiliations quotidiennes dans un pays marqué par l’instabilité. Mais ce samedi 30 août, à Pétion-Ville, la Fondation Yon Jou pou Hayti et le Ministère du Tourisme ont osé ouvrir une brèche dans cette vision étriquée, en posant une question essentielle : et si l’argent n’était pas qu’un chiffre ou une contrainte ? Et s’il devenait
une énergie, un moteur, un levier pour rêver autrement ?
C’est dans cet esprit que s’est tenue la troisième édition du mouvement citoyen Yon Jou pou
Hayti, organisée autour du thème : « Dekouvri kisa enèji lajan ye : Ayisyen reveye w », en
partenariat avec FERAY MARKETING GROUP S.A. Loin d’une simple conférence économique, l’événement s’est affirmé comme un appel à l’espérance, une voie ouverte pour une jeunesse privée de repères.
Quand la culture reprend ses droits, l’argent retrouve une âme
Dans les couloirs fleuris de l’hôtel Montana, l’Haïti des mythes et des symboles a repris ses
droits. Dès l’entrée, les visiteurs étaient enveloppés par l’arôme délicat de fleurs tropicales,
annonçant une expérience hors du commun. Les jardins de la salle Franck, décorés aux couleurs du paysage haïtien, invitaient à un voyage entre autel lavilokan, fresques vivantes, peinture en direct et rythmes musicaux. La culture haïtienne s’y est affirmée dans toute sa force. La mythologie haïtienne a également habité l’espace : Anacaona, figure de résistance et de beauté, est réapparue à travers le corps d’un mannequin, accompagnée des représentations des esprits féminins légendaires – la Grand-Mère, la Prêtresse et Freda. Ce n’était pas un simple ornement, mais une proclamation : la richesse d’un peuple se mesure aussi à sa mémoire, à ses récits et à son imaginaire.
L’énergie de l’argent, entre nécessité vitale et pouvoir de libération
Dans un monde dominé par le capitalisme, l’argent ne se réduit pas à un moyen d’échange : il
infiltre toutes les sphères sociales. Il détermine l’accès à l’alimentation, au logement, aux soins, au transport, mais aussi à l’éducation, à la culture et à l’autonomie individuelle. Savoir gérer l’argent, comprendre sa dynamique, devient une nécessité vitale. C’est dans cette optique que plusieurs voix se sont succédées : Stéphanie Sophie Louis, Jean Gardy Charles, Éliezer Léonce, Moïse Chéry, Stéphanie Smith, Stevenson Bigord, Marc Stevenson Nepuis et Ben Marley Blaise Pascal. À travers théories, récits et témoignages, ils ontbousculé les idées reçues en invitant la jeunesse à dépasser la survie pour se projeter, s’outiller, s’armer intellectuellement et financièrement afin d’inventer un avenir qu’on ne lui propose pas.
Ces interventions n’avaient rien d’illusoire. Elles affirmaient qu’il est possible de rêver lucidement, de bâtir en conscience, de transformer chaque obstacle en tremplin et de rompre
avec le tabou qui entoure l’argent. Dans les regards des plusieurs centaines de participants
présents, brillait une étincelle : celle d’une jeunesse qui, malgré tout, refuse de s’éteindre.
Quand la créativité locale matérialise l’invisible
L’énergie de l’argent s’est aussi incarnée à travers un marché éphémère où dix entreprises
locales ont exposé leurs créations. Des impressions inspirées du folklore haïtien de Printech,
aux sacs à main artisanaux, en passant par les bougies Lakaye, les performances de coiffure et de peinture en direct, chaque stand racontait une histoire de savoir-faire et de résilience.
Le Fresco de Melou, symbole des saveurs populaires, côtoyait les cocktails audacieux de Bolly, tandis que le Legends Sport Bar offrait une expérience gustative aussi riche que l’ambiance environnante. Plus qu’une exposition, ce fut une affirmation : Haïti est inventive, audacieuse et capable de transformer ses blessures en art et beauté.
Rêver ensemble, partager, tisser de nouveaux possibles
Au-delà des conférences et des expositions, l’événement fut un lieu de rencontres et de création de nouveaux réseaux, dans un esprit de fraternité et d’entraide. La pause gourmande a prolongé ces échanges dans une atmosphère conviviale, prouvant que la réussite se nourrit aussi d’amour et de solidarité.
Respirer, méditer, renaître pour mieux agir
La journée s’est conclue par une séance de méditation collective, moment suspendu où chaque participant a pu inspirer profondément, relâcher ses tensions et repartir chargé d’une énergie nouvelle, prêt à transformer les réflexions en actions.
Un appel à transformer les rêves en actes
La prochaine édition, prévue pour le dernier samedi de septembre, promet une expérience
encore plus immersive. Mais au-delà du calendrier, c’est une mentalité qu’il faut bâtir. Hayti a
besoin de ces espaces de respiration, d’idées et de rêves. Dans un pays où l’actualité est trop
souvent marquée par les drames, voir des jeunes se réunir pour parler d’avenir, de projets et de transformation relève déjà de l’acte de résistance. Yon Jou pou Hayti ne prétend pas résoudre les crises. Mais il ouvre une voie : celle qui dit que l’argent peut être une énergie, que le rêve est une arme, et que la culture constitue un capitalinestimable. Surtout, il rappelle que le changement ne viendra pas d’un miracle extérieur, mais de cette jeunesse qui ose, chaque jour, inventer son propre récit. Haïti n’a plus les moyens du cynisme. Il faut rêver, mais rêver activement. Rêver en bâtissant, en investissant dans nos talents, nos arts, nos entreprises, notre intelligence collective. Car l’avenir n’attendra pas.










































































































































































































Comments